Pourquoi avez-vous toujours les mêmes conflits ? Découvrez les dynamiques cachées qui transforment un simple désaccord en conflit destructeur. (Début dans l'épisode 1)
Description
Pourquoi certains conflits éclatent-ils pour un simple objet ?
Pourquoi réagissez-vous toujours de la même façon face aux mêmes personnes ?
Les mécanismes invisibles du conflit vous piègent sans que vous le sachiez.
Dans cet épisode, nous décodons les schémas psychologiques cachés qui alimentent vos conflits : les dualités relationnelles impossibles à équilibrer, les escalades symétriques et asymétriques, les biais cognitifs qui vous aveuglent (égocentrisme, projection, généralisations), les enjeux territoriaux derrière des disputes apparemment insignifiantes, et l'aspect régressif qui vous ramène à vos blessures d'enfance.
DÉCOUVREZ DANS CET ÉPISODE :
• Les 4 dualités relationnelles qui créent des tensions permanentes : ouverture-fermeture, proximité-distance, expression-rétention, autonomie-dépendance
• Les 2 types d'escalade qui enferment vos conflits : symétrique (surenchère entre pairs) et asymétrique (oppression-insoumission)
• Les biais cognitifs pervers : égocentrisme, projection, généralisations et inférences causales
• Pourquoi vous vous battez sur des objets symboliques (bureau, portable, place de parking)
• Comment vos scénarios de vie issus de l'enfance se rejouent dans vos relations adultes
• Les contradictions structurelles en entreprise qui alimentent les conflits professionnels
• L'aspect régressif : quand l'enfant blessé prend les commandes à la place de l'adulte
• La confusion dans les échanges : messages paradoxaux et communication destructrice
Cet épisode vous donne les clés pour repérer ces mécanismes et commencer à les transformer. Parce que comprendre, c'est déjà reprendre du pouvoir.
DÉBUT dans l'épisode 1
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Transcription
Les mécanismes cachés du conflit : comprendre ce qui vous piège vraiment
Bienvenue dans ce nouvel épisode d'Au Cœur du Conflit.
Aujourd'hui, nous allons décoder les schémas invisibles qui alimentent vos conflits sans que vous en ayez conscience. Je vous donnerai quelques outils pour les repérer et les transformer.
Points clés de cet épisode
[02:24] Les dualités relationnelles Ouverture-fermeture, proximité-distance, expression-rétention, autonomie-dépendance
[04:56] Les deux types d'escalade Escalade symétrique et asymétrique : comprendre la mécanique
[07:11] La bataille des représentations Pourquoi nous combattons nos interprétations, pas les faits
[08:14] Les biais cognitifs : égocentrisme L'incapacité de sortir de sa propre subjectivité
[10:18] Le mécanisme de projection Rejeter sur l'autre ce qu'on refuse en soi
[11:47] Les biais de raisonnement Généralisations et inférences causales erronées
[13:29] Les enjeux territoriaux Quand un objet devient un enjeu identitaire
[15:42] Les scénarios de vie Comment l'enfance se rejoue dans vos conflits adultes
[18:03] Les conflits professionnels Structure organisationnelle et contradictions latentes
[21:16] L'aspect régressif du conflit Quand l'enfant blessé prend les commandes
[23:29] La confusion dans les échanges Messages paradoxaux et communication destructrice
[26:36] Comment agir concrètement ? Repérer vos biais, identifier vos schémas, transformer votre communication
[29:29] Exercice pratique de la semaine Observer sans juger : un premier pas vers la transformation
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Rappel : qu'est-ce qu'un conflit ?
Dans le précédent épisode, nous avons exploré une question fondamentale : qu'est-ce qu'un conflit ? Nous avons découvert que le conflit n'est pas un simple désaccord. C'est un basculement émotionnel, le moment où vos réactions psycho-émotionnelles prennent le dessus sur la raison.
Nous avons vu qu'il y a plusieurs couches dans un conflit : les enjeux concrets (juridique, financier, organisationnel) qui ne sont que la partie visible. Mais en dessous, il y a des enjeux invisibles mais cruciaux : psychologiques, émotionnels, identitaires, relationnels, symboliques, existentiels. Et au cœur de tout ça, bien souvent, l'ego et la quête de reconnaissance.
Nous avons compris que le conflit s'auto-entretient dans un engrenage, un cercle vicieux qui se nourrit de lui-même. Mais aujourd'hui, nous allons plus loin.
Nous allons voir comment exactement ces mécanismes fonctionnent au quotidien. Quels sont les schémas invisibles, les biais qui nous aveuglent, les dynamiques qui se rejouent sans qu'on s'en rende compte ?
Les dualités relationnelles : un équilibre impossible
Vous savez ce qui rend les relations si complexes ? Dans toute relation, que ce soit avec un associé, un conjoint, un collègue, nous cherchons constamment à concilier des exigences contradictoires, des dualités. Et c'est là que ça devient très délicat. Ces dualités sont source permanente de tension.
Les dualités relationnelles sont des tensions permanentes entre des besoins contradictoires : ouverture-fermeture, proximité-distance, expression-rétention, autonomie-dépendance.
Il y a d'abord la dualité ouverture-fermeture. Vous voulez partager, vous confier, mais en même temps, vous avez besoin de protéger votre jardin secret, votre identité. Trop d'ouverture et vous vous sentez vulnérable. Trop de fermeture et l'autre se sent exclu.
Ensuite, la dualité proximité-distance. Vous avez besoin de rapprochement, de connexion, mais aussi d'espace personnel, d'autonomie. Trop de proximité étouffe, trop de distance isole.
Puis l'expression-rétention. Dire ou ne pas dire ? Exprimer vos émotions ou les garder pour vous ? Trop d'expression et vous submergez l'autre, voire il se sent moins respecté. Trop de rétention et la cocotte-minute explose.
Et enfin, autonomie-dépendance. Vous voulez être indépendant, mais vous avez aussi besoin de l'autre. Vous voulez compter sur quelqu'un, mais pas trop dépendre.
Vous voyez, c'est comme marcher sur un fil. Et l'incapacité à trouver le juste équilibre entre ces dualités fortement teintées d'affectivité nourrit le conflit.
Prenons un exemple concret. Deux associés dans un cabinet d'avocats. L'un a besoin de tout partager : les doutes, les difficultés, les stratégies. Pour lui, c'est de la transparence, de la sincérité, de la confiance. Mais l'autre a besoin de garder son jardin secret. Pour lui, c'est de l'autonomie professionnelle. Aucun des deux n'a tort. Mais ils ne sont pas sur la même longueur d'onde sur cette dualité ouverture-fermeture. Et ça crée des frictions énormes. L'un se sent exclu, l'autre se sent envahi.
Les deux types d'escalade : symétrique et asymétrique
Voyons maintenant comment les tensions dégénèrent en escalade. Nous pensons qu'il existe deux types d'escalade dans les conflits, et comprendre lesquels vous vivez change tout.
L'escalade symétrique, c'est quand vous êtes entre pairs : deux associés, deux frères, deux collègues au même niveau. Dans cette escalade, l'énergie est concentrée sur le refus de la différence. Personne ne veut céder, c'est la surenchère. "Tu as fait ça ? Eh bien moi je vais faire pire." Chacun veut prouver qu'il est au moins aussi fort que l'autre. C'est une course sans fin, parce qu'admettre le point de vue de l'autre, c'est perdre la face, accepter d'être en position basse.
L'escalade symétrique entre pairs se caractérise par une surenchère constante où personne ne veut céder, car admettre le point de vue de l'autre équivaut à perdre la face.
L'escalade asymétrique, c'est différent. C'est quand il y a une hiérarchie : un patron et un employé, un parent et un enfant, un médecin-chef et un interne. Au départ, il y a une complémentarité. L'un dirige, l'autre exécute. Mais cette complémentarité peut dégénérer en oppression. Le dominant exerce de plus en plus de contrôle. Le dominé se rebelle de plus en plus. Et on entre dans ce jeu d'insoumission, des stratégies de contournement, de la résistance passive.
Dans les conflits complexes que nous traitons chez RESOV'CO, on voit ces deux types d'escalade, et souvent elles se mêlent. Un conflit entre deux associés qui devraient être symétriques, mais où l'un essaie de prendre l'ascendant. Une relation hiérarchique qui se rigidifie jusqu'à l'explosion.
La bataille des représentations : nous nous battons sur nos interprétations
Parlons maintenant d'un mécanisme encore plus insidieux. Si nous avons l'impression de nous battre sur des faits, la réalité est plus complexe. Nous nous battons en fait sur nos représentations de la réalité, sur notre interprétation des faits.
⚠️ Ce que nous appelons réalité objective est en fait un univers subjectif que nous prenons pour une donnée irréfutable. C'est là que nos biais entrent en jeu.
Deux personnes ne voient pas les mêmes faits de la même façon. Et c'est précisément ce qui alimente le conflit.
Les biais cognitifs qui nous aveuglent
Le premier biais : l'égocentrisme
Le premier biais, c'est l'égocentrisme. Pas au sens d'être égoïste, non. C'est l'incapacité de sortir de sa propre subjectivité pour considérer le point de vue de l'autre. Nous croyons bien souvent que nous voyons le monde tel qu'il est. Mais en fait, le monde est tel que nous le voyons.
On croit que notre façon de voir les choses est LA réalité. On ne comprend même pas comment l'autre peut voir différemment. C'est le fameux "Mais oui, mais ça c'est évident ! Comment tu peux ne pas comprendre ça ?"
Un exemple dans le monde de la santé. Deux médecins s'opposent sur un protocole. L'un, formé dans une approche très technique, ne comprend pas comment l'autre peut privilégier l'approche relationnelle avec le patient. Pour lui, c'est une perte de temps, un côté non professionnel. L'autre ne comprend pas comment on peut être si froid, si déshumanisé. Chacun est enfermé dans sa bulle. Aucun ne peut vraiment voir par les yeux de l'autre. C'est l'égocentrisme cognitif.
Le deuxième biais : la projection
Le deuxième biais, c'est la projection. Et celui-là est particulièrement pervers. La projection, c'est localiser dans l'autre des qualités ou des désirs que l'on refuse ou méconnaît en soi.
La projection consiste à rejeter sur l'autre ce qu'on refuse de voir en soi : on accuse l'autre d'avarice pour masquer sa propre mesquinerie, ou on reproche l'autoritarisme tout en en faisant preuve soi-même.
Par exemple, on va accuser l'autre d'avarice pour masquer sa propre mesquinerie dans la situation. Ou reprocher à l'autre d'être autoritaire parce qu'on a peur de sa propre autorité et que bien souvent, à l'instant même, on fait preuve d'autorité en qualifiant l'autre d'autoritaire.
Prenons un conflit familial. Dans une succession, un frère accuse sa sœur d'être cupide, alors qu'au fond, dans la situation même, c'est lui qui semble obsédé par l'argent. Mais il a de la difficulté à l'admettre, alors il va projeter sur elle son propre conflit intérieur, car il a l'impression que cela le déculpabilise.
Plus on projette, plus on alimente le conflit, parce qu'on ne traite pas le vrai problème. On combat un ennemi imaginaire.
Les biais de raisonnement
Et puis il y a les biais de raisonnement.
Deux types principaux selon notre expérience :
- Les biais de généralisation : On prend un événement isolé et on le généralise à toute la personne. "Tu es TOUJOURS en retard." "Tu ne m'écoutes JAMAIS." Ces mots sont des signaux d'alarme. Ils montrent qu'on généralise.
- Les biais d'inférence : Établir une fausse relation de cause à effet. "Regarde ce que tu me fais faire." Cette phrase établit un lien direct : c'est à cause de toi que j'ai réagi comme ça. Mais c'est faux. L'autre n'est pas responsable de votre réaction. C'est vous qui réagissez ainsi à cause de votre histoire, vos blessures, vos déclencheurs.
Vous allez me dire : d'accord, mais pourquoi on s'obstine dans ces visions erronées, même quand on nous montre qu'on se trompe ? Eh bien, s'obstiner dans une vision erronée recouvre souvent des enjeux de pouvoir (la volonté d'avoir raison, de montrer sa supériorité intellectuelle) ou une défense identitaire (la peur de perdre la face, de s'être trompé, d'admettre qu'on n'avait pas compris).
Et ce recul-là impose de travailler sur soi. On retrouve ce qu'on a vu dans l'épisode précédent : l'ego, toujours l'ego.
Les enjeux territoriaux : quand un objet devient symbolique
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certains conflits éclatent autour d'objets apparemment insignifiants ? Un bureau ? Un portable ? Une place de parking ?
L'homme est un animal territorial. Défendre son espace personnel, ses possessions, son intimité, c'est une façon de défendre l'intégrité de son moi, sa bulle psychologique. Ce qui explique beaucoup de conflits de voisinage.
Quand quelqu'un lit votre courrier sans permission, ce n'est pas juste une intrusion dans votre vie privée, c'est une attaque contre votre identité, votre existence même. Quand un collègue utilise votre bureau sans demander, il ne vole pas juste un espace, il viole votre territoire psychologique.
Défendre son territoire (bureau, portable, place de parking) n'est pas une simple question matérielle : c'est défendre l'intégrité de son moi et son droit d'exister.
Prenons un exemple concret dans une entreprise familiale. Deux frères associés. L'un prend le portable de l'autre juste pour passer un coup de fil. L'autre explose, une vraie crise. Pour celui qui observe de l'extérieur, c'est disproportionné : c'est juste un portable, l'autre peut bien l'emprunter pendant deux minutes. Mais non.
Lorsqu'un objet devient un enjeu féroce, c'est souvent parce que derrière l'objet se cache l'angoisse plus profonde de ne plus exister, de perdre sa place, ou de perdre sa liberté. Le portable, c'est un symbole : est-ce que je compte ? Est-ce que tu respectes mes limites ? Est-ce que j'ai le droit d'avoir mon jardin secret ?
Les scénarios de vie : quand l'enfance se rejoue
Maintenant, je vais vous révéler quelque chose de crucial. Notre histoire personnelle, nos blessures, nos cultures d'origine influencent massivement nos conflits. Et surtout, les scénarios de vie issus de l'enfance se rejouent dans nos relations adultes. Ce sont des modèles de comportement rigides et répétitifs.
Vous vous êtes déjà dit : "Mais pourquoi je retombe toujours dans le même schéma ? Pourquoi je réagis toujours de la même façon ?"
Eh bien, c'est parce que le collègue est devenu le frère, le manager est devenu l'autorité parentale, le client est devenu le parent exigeant qui n'est jamais satisfait.
Un exemple qui va vous parler. Une directrice d'une petite structure de santé a grandi avec un père très autoritaire qui ne la reconnaissait jamais, quoi qu'elle fasse. Maintenant, dans son travail, dès qu'un associé émet une critique, même constructive, elle se braque complètement. Elle entend "tu ne vaux rien", "tu n'es pas à la hauteur". C'est son scénario de vie qui se rejoue. Son associé n'est pas son père, mais pour son système émotionnel, c'est comme si c'était lui.
Et le pire, c'est qu'elle crée exactement ce qu'elle redoute. En se braquant, elle pousse son associé à devenir plus critique, et le cercle vicieux s'installe.
⚠️ Une vérité inconfortable mais libératrice : il est faux de croire qu'on peut laisser ses soucis personnels à la porte du bureau. On est tout entier dans ce qu'on vit, où que l'on soit.
Chez RESOV'CO, nous voyons cela constamment. Les conflits professionnels ne sont jamais purement professionnels. Les conflits familiaux ne sont jamais seulement familiaux. Tout est mêlé. Toujours.
Les conflits professionnels : structure et contradictions
Justement, parlons plus en profondeur du contexte professionnel. On croit souvent que les conflits au travail sont différents, plus rationnels, plus professionnels. Eh bien, c'est complètement faux. Ce sont les mêmes mécanismes psycho-émotionnels, mais ils sont exacerbés par la structure organisationnelle elle-même.
Il existe une contradiction latente dans toute organisation. D'un côté, il y a la rationalité organisationnelle : les résultats, l'efficacité, les objectifs. De l'autre, il y a les réactions socio-affectives : les individus, les émotions, les besoins de reconnaissance, les blessures. Ces deux logiques s'affrontent constamment.
Dans toute organisation, la rationalité organisationnelle (résultats, efficacité) et les réactions socio-affectives (émotions, reconnaissance, besoins) s'affrontent en permanence, créant une source structurelle de conflits.
L'entreprise dit : "Il faut atteindre les objectifs."
L'individu dit : "J'ai besoin d'être reconnu, respecté, écouté."
Voyons un exemple dans une pharmacie. Deux pharmaciens associés. L'un est obsédé par les chiffres, la rentabilité, l'optimisation. L'autre veut privilégier la relation avec les patients, prendre du temps pour les conseiller. Les deux ont raison. Mais les deux logiques entrent en collision.
Selon nous, la structure hiérarchique, par nature inégalitaire, est source de frustration et de tension. Le pouvoir des uns appelle la soumission des autres. Et cette soumission n'est jamais totale. Elle suscite des stratégies de contournement, le fameux jeu de l'insoumission, des résistances passives, des sabotages discrets, des alliances cachées.
Le conflit n'est pas juste entre deux personnes, il est inscrit dans la structure elle-même. C'est pour ça qu'on ne peut pas le résoudre uniquement en changeant les personnes, il faut aussi regarder la structure.
Et puis il y a l'identité professionnelle. Au travail, notre identité est fortement liée au statut, à la reconnaissance, au sentiment d'être valorisé. Je crois profondément que le fait de se sentir non valorisé ou de subir un déclassement engendre un sentiment d'échec et d'injustice qui favorise la démotivation et l'opposition.
Un médecin surdiplômé qui se retrouve dans un poste où il ne peut pas utiliser toutes ses compétences, un associé qu'on consulte de moins en moins, un cadre dont on réduit progressivement les responsabilités : ce n'est pas juste une question de carrière, c'est "Qui suis-je ? Est-ce que j'ai encore de la valeur ?" C'est l'ego professionnel qui est attaqué.
L'aspect régressif : quand l'enfant blessé prend les commandes
Il y a encore un aspect dont nous n'avons pas parlé. Le processus conflictuel est marqué par la domination de l'émotionnel sur le rationnel. Vous vous en souvenez de l'épisode précédent, le basculement émotionnel ? Mais il y a quelque chose de plus profond : ce basculement est souvent lié à des situations douloureuses de l'enfance qui refont surface. C'est l'aspect régressif du conflit.
Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Ça veut dire que dans le conflit, vous ne réagissez plus comme un adulte rationnel. Vous réagissez bien souvent comme un enfant blessé, l'enfant blessé que vous avez été. Vous redevenez cet enfant qui avait peur d'être abandonné, ou qui devait se battre pour avoir sa place dans la fratrie, ou qui ne se sentait jamais assez bien.
Et c'est cet enfant qui prend les commandes, qui décide de vos réactions, de vos stratégies, de votre façon de communiquer.
Dans le conflit, vous ne réagissez plus comme un adulte rationnel mais comme l'enfant blessé que vous avez été. C'est cet enfant qui prend les commandes de vos réactions.
Vous pouvez vous dire : "Mais qu'est-ce que c'est encore ces histoires de ramener l'enfant sur le tapis ?" Eh bien, c'est juste prendre ses responsabilités et pouvoir comprendre ses mécanismes de fonctionnement pour pouvoir mieux les appréhender et être un adulte qui prend ses responsabilités.
Prenons un exemple de cet aspect régressif dans une succession. Une sœur dit à son frère : "Tu as toujours été le préféré de papa." Elle a 55 ans. Mais à ce moment-là, c'est la petite fille de 8 ans qui parle. Celle qui se sentait invisible. Et le frère répond : "Et toi, tu as toujours été une égoïste." Là aussi, c'est l'enfant qui parle.
Vous voyez comment l'aspect régressif transforme complètement la communication de ces deux adultes ?
La confusion dans les échanges : messages paradoxaux
Cette régression mène à un autre phénomène : la confusion dans les échanges. Dans le conflit, la méfiance et la suspicion ambiante nous poussent à traquer l'agression dans le discours de l'autre. On n'écoute plus vraiment, on guette, on interprète, on cherche l'attaque. Et du coup, on en trouve partout, même là où il n'y en a pas.
Et alors, on envoie des messages ambigus, parfois eux-mêmes paradoxaux. Le contenu verbal dit une chose, mais le ton, le langage corporel disent toute autre chose, voire même le contraire.
Tenez, un exemple très simple. Quelqu'un dit "Oui, bien sûr, je m'en occupe", mais avec un ton exaspéré, en soupirant, en évitant le regard. Qu'est-ce que l'autre entend vraiment ? Le "oui" ou l'exaspération ? C'est un message paradoxal et ça crée une confusion énorme. L'autre ne sait plus sur quel pied danser. Il sent l'agression mais il ne peut pas la pointer parce que formellement le message était positif.
Il faut être en mesure de prendre du recul. Cette confusion alimente bien souvent le conflit. Elle empêche toute résolution, parce qu'on ne peut pas traiter un problème qu'on n'arrive pas à nommer clairement.
Et bien sûr, avoir cette capacité demande de l'entraînement, de la compréhension et de l'entraînement. Et cela peut changer durablement vos relations.
Récapitulation : tous ces mécanismes s'imbriquent
Prenons un moment pour récapituler. Vous vous souvenez, dans l'épisode précédent, on a vu que le conflit est un basculement émotionnel. Aujourd'hui, on a vu comment ce basculement fonctionne en profondeur et par quoi il est sous-tendu :
- Les dualités relationnelles qu'on n'arrive pas à équilibrer
- Les escalades symétriques et asymétriques qui nous enferment
- Nos biais cognitifs qui nous aveuglent : égocentrisme, projection, erreurs de raisonnement
- Les enjeux territoriaux qui nous font défendre des objets symboliques
- Les scénarios de vie de notre enfance qui se rejouent
- La structure organisationnelle qui alimente les tensions
- L'aspect régressif qui nous ramène à nos blessures d'enfants
- La confusion dans les échanges qui empêche toute résolution
Vous voyez comment tout est lié ? Comment chaque mécanisme s'imbrique avec les autres pour créer des conflits complexes ? C'est pour ça que chez RESOV'CO nous ne traitons jamais un conflit de manière superficielle.
Si on ne comprend pas tous ces mécanismes cachés, et qui sont à chaque fois individuels et particuliers, on ne peut pas proposer de solutions durables. Car des solutions toutes faites sont en général inapplicables. Et on ne sait pas pourquoi. Après avoir écouté ces deux épisodes, je pense que vous avez compris pourquoi.
Comment agir concrètement ?
Maintenant qu'on a compris comment tout ça fonctionne, la question c'est : comment agir concrètement ? Comment transformer ces dynamiques destructrices ?
Notre approche repose sur plusieurs niveaux d'intervention. Je vais vous en donner les grandes lignes, sachant que dans les conflits complexes, l'application nécessite un accompagnement personnalisé.
D'abord, apprendre à repérer vos propres biais
Quand vous vous surprenez à dire "toujours" ou "jamais", c'est un signal. Quand vous êtes convaincu que votre vision est LA vérité, c'est un signal. Quand vous reprochez à l'autre quelque chose qui vous dérange chez vous, c'est un signal.
Nous proposons des exercices pour développer cette conscience. Il existe aussi des processus entiers pour travailler dessus. Mais attention, tout ça doit être adapté à votre situation spécifique. C'est là qu'un accompagnement peut être déterminant.
Ensuite, identifier vos scénarios de vie
Quels sont les schémas qui se répètent ? Avec quel type de personnes entrez-vous systématiquement en conflit ? Dans quelle situation ? Quels sont vos déclencheurs ? Et souvent, il y a un lien avec votre propre histoire.
Mais attention, ce travail peut être délicat. Il peut toucher à beaucoup de choses, voire à des blessures profondes. C'est pourquoi nous vous recommandons d'être accompagnés pour ce niveau de travail.
Et puis, la transformation de la communication elle-même
Apprendre à parler de la façon dont on communique : la métacommunication. "Quand tu dis ça sur ce ton, on peut entendre une attaque. C'est ça que tu veux dire ?" Ça demande du courage, ça demande de la vulnérabilité, ça demande de l'entraînement. Mais c'est puissant parce que ça permet de sortir des messages paradoxaux et de la confusion.
Nous travaillons ainsi sur des techniques de reformulation, de validation émotionnelle, de clarification des besoins. Mais encore une fois, ces techniques doivent être appropriées à votre contexte.
Quelquefois, il est nécessaire de travailler sur vos schémas cognitifs. Et dans les conflits complexes que nous traitons, chaque situation est unique. Vous pouvez soit vouloir travailler durablement vos conflits actuels et futurs, vous pouvez aussi vouloir travailler uniquement sur un conflit. Mais il est néanmoins vrai qu'il est important d'avoir compris tout ce qui agit dans ce conflit précis.
Exercice pratique de la semaine
Cette semaine, je vous propose juste un petit exercice. Pas d'action, juste observer.
Choisissez une relation dans laquelle vous avez de la tension : au travail, en famille, avec un associé.
Et pendant une semaine, observez :
♥ Premièrement : Quelles sont les dualités en jeu ? Proximité-distance, ouverture-fermeture, expression-rétention, autonomie-dépendance ?
♥ Deuxièmement : Quel type d'escalade voyez-vous ? Symétrique (surenchère entre pairs) ou asymétrique (oppression-insoumission) ?
♥ Troisièmement : Quels sont vos biais ? Est-ce que vous généralisez ? Est-ce que vous projetez ? Est-ce que vous êtes enfermé dans votre vision ?
Notez tout ça sans jugement. Vous n'êtes pas là pour vous critiquer mais pour comprendre. Et observez ce qui se passe quand vous prenez conscience de ces mécanismes. Souvent, la simple prise de conscience commence déjà à transformer la mécanique et la dynamique.
L'accompagnement RESOV'CO pour les conflits complexes
Si vous sentez que vous êtes dans un conflit complexe où tous ces mécanismes s'entremêlent et que vous n'arrivez pas à démêler tout ça seul, n'hésitez pas à nous contacter chez RESOV'CO.
Nous proposons des accompagnements personnalisés en conseil, coaching et médiation. Notre approche croise la psychologie, l'organisation, le cadre légal et l'histoire de vie, parce que nous considérons tous les enjeux psychologiques, émotionnels, identitaires, relationnels, symboliques comme fondamentaux et équivalents aux enjeux matériels, financiers et juridiques.
Et bien entendu, dans l'analyse, il s'agit de faire la part de chacun et d'avoir des outils appropriés pour chacun. Nous n'oublions pas les enjeux matériels, financiers et juridiques. Mais il est nécessaire d'avoir suffisamment de recul pour faire la part des choses.
C'est cette analyse approfondie qui permet de trouver des solutions durables : pas des pansements, des vraies transformations.
Pour plus d'informations : www.resovco.fr
Si vous avez des questions, des situations dont vous aimeriez qu'on parle dans un prochain épisode, écrivez-nous. Vos questions nourrissent notre réflexion.
Conclusion : du mode réflexe au mode choix
Tous ces mécanismes cachés (les biais, les escalades, les scénarios de vie) peuvent sembler décourageants, comme si nous étions prisonniers de forces invisibles. Mais en réalité, c'est tout le contraire.
Comprendre ces mécanismes, c'est retrouver du pouvoir, de la responsabilité. C'est passer du mode réflexe au mode choix. Vous ne pouvez pas changer ce dont vous n'avez pas conscience. Mais dès que vous voyez le schéma, dès que vous identifiez le déclencheur, dès que vous reconnaissez le scénario, vous pouvez choisir autrement, agir autrement, changer complètement la dynamique de vos désaccords.
Le conflit n'est pas une fatalité, c'est une opportunité de transformation, une chance de sortir des cercles vicieux et de créer des relations plus vraies, plus saines, plus durables.
La question est : êtes-vous prêts à regarder en face vos propres mécanismes pour créer quelque chose de différent ?
C'était "Les mécanismes cachés du conflit", un épisode d'Au cœur du conflit. Pour aller plus loin, retrouvez la transcription de cet épisode et d'autres ressources sur mon site resovco.fr.
Merci de votre écoute.
À très bientôt.
Karine BIAVA - RESOVCO (2025)
Consultante, coach et médiatrice en résolution de conflits
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