Pourquoi certains désaccords restent-ils gérables tandis que d'autres explosent en conflits destructeurs ? La différence n'est pas dans le sujet de désaccord, mais dans l'escalade comportementale et la spirale émotionnelle.
Description
Deux grilles de lecture complémentaires
Pour comprendre quand un désaccord devient un conflit, nous utilisons deux images : l'escalier (comportements visibles) et la spirale (transformation psychologique invisible).
L'escalier : quatre marches d'escalade
Le chercheur Friedrich Glasl a formalisé neuf niveaux d'escalade. Nos quatre marches les condensent en étapes reconnaissables.
Le conflit est une escalade parce que les comportements gagnent en intensité. À l'intérieur, notre état ressemble à une spirale qui s'amplifie, avec rigidification progressive et montée en tension. Thomas Glasl représentait l'escalade par une descente, car nous perdons nos ressources au fil du conflit : moins d'options, moins de capacités relationnelles, impression de s'enfoncer.
Marche 1 : Argumenter (Glasl 1-2) - Le ping-pong verbal. Vos arguments suscitent des contre-arguments. Frustration croissante.
Marche 2 : Attaquer la personne (Glasl 4-5) - "Tu es égoïste." Vous touchez à l'identité. Bataille d'Ego.
Marche 3 : Menacer (Glasl 6) - "Si tu ne fais pas ça..." Surenchère de la peur.
Marche 4 : Passer à l'acte (Glasl 7-9) - Procès, ruptures, violences. Personne ne gagne.
La spirale intérieure
Quatre glissements progressifs : du rationnel à l'émotionnel, de comprendre à se défendre, de l'ouverture à la fermeture (ici interviennent retrait ou combat), d'une relation à un ennemi.
⚠️ Quand vous êtes dans l'émotionnel et que l'autre est devenu un ennemi, menacer ou attaquer vous semble légitime.
Le décalage crucial
L'escalier et la spirale fonctionnent en parallèle, mais pas en synchronisation. Vous pouvez être très émotionnel tout en argumentant poliment. Ce décalage rend le conflit difficile à gérer.
Le point de bascule est la fermeture. Deux chemins : retrait (conflit larvé invisible) ou combat (escalade visible).
Pourquoi montons-nous sans le vouloir ?
Notre système nerveux déclenche automatiquement fuite ou combat face à un désaccord perçu comme menaçant.
La troisième voie existe
Un désaccord peut devenir une opportunité. Cette voie s'apprend.
Pour l'escalier : Même monté, vous pouvez redescendre. Même à la marche 3, c'est possible (plus difficile).
Pour la spirale : Agir dès le glissement 1. Dès que l'émotionnel monte, appliquez la régulation émotionnelle. Au glissement 2, reconnectez-vous à la curiosité. Au glissement 3, rouvrez-vous.
Exercice pratique
À chaque désaccord, observez les deux grilles. Escalier : Quand avez-vous voulu argumenter, attaquer, menacer ? Spirale : Quand êtes-vous passé du rationnel à l'émotionnel ? Avez-vous observé un décalage ?
Comprendre ces deux images, c'est pouvoir intervenir : arrêter vos comportements, réguler votre état intérieur.
Si vous n'arrivez pas à sortir seul, contactez RESOV'CO. Nous proposons des accompagnements personnalisés en coaching et médiation.
Transcription
Du désaccord au conflit : comprendre l'escalade invisible que personne ne vous a apprise
Bienvenue au Cœur du Conflit, le podcast pour décrypter, comprendre et gérer vos conflits avec stratégie, avec Karine Biava et le cabinet RESOVCO, votre expert en gestion de conflits, conseil, coaching et médiation.
Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode d'Au cœur du conflit. Aujourd'hui, comment un simple désaccord devient-il un conflit destructeur ? Dans cet épisode, nous allons mettre en lumière les quatre marches concrètes que vous montez sans vous en rendre compte et la transformation intérieure invisible qui se produit en parallèle. Je vous donnerai à la fin une action concrète pour commencer à reconnaître où vous en êtes avant qu'il ne soit trop tard.
Si vous êtes en conflit ou si le sujet vous intéresse, écoutez jusqu'au bout, vous y trouverez des clés essentielles. C'est parti !
Points clés de cet épisode
[00:00:24] Quatre marches vers le conflit destructeur La transformation invisible qui se produit en parallèle
[00:01:02] Pourquoi nous ne savons pas gérer les désaccords Les deux options primaires inefficaces : renoncer ou imposer
[00:03:30] L'escalier : vos comportements visibles Les quatre marches que vous montez sans le vouloir
[00:05:51] Marche 1 : Argumenter pour convaincre Le ping-pong verbal qui fait monter la frustration
[00:06:44] Marche 2 : Attaquer la personne Quand vous touchez à l'identité de l'autre
[00:07:20] Marche 3 : Menacer La surenchère de la peur et des contre-menaces
[00:07:39] Marche 4 : Passer à l'acte Personne ne sort vraiment gagnant
[00:08:47] La spirale : votre transformation intérieure Quatre glissements progressifs invisibles mais cruciaux
[00:10:21] Comment l'escalier et la spirale fonctionnent ensemble Le décalage qui rend le conflit si difficile à gérer
[00:16:58] Pourquoi montons-nous sans le vouloir Les mécanismes anciens de notre cerveau
[00:18:15] La troisième voie existe Apprendre à ne pas monter les marches
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Pourquoi nous ne savons pas gérer les désaccords
En observant les conflits dans les couples, les familles, les équipes, entre voisins ou même entre États, on retrouve presque toujours la même origine : un désaccord. Un désaccord sur une décision, sur de l'argent, sur des valeurs, sur un territoire. Le désaccord en lui-même n'est pas un problème. C'est une conséquence logique du fait que nous pensons, ressentons et voulons des choses différentes.
Le vrai problème, c'est qu'on n'apprend presque jamais à gérer un désaccord. Ni à l'école, ni à l'université, ni dans la plupart des formations professionnelles. Face à un désaccord, chacun improvise avec ses réflexes, ses peurs, ses croyances.
D'ailleurs, qu'est-ce qu'on entend par croyance ? En psychologie, ce sont ces idées qu'on tient pour vraies sans les questionner. Par exemple, la croyance "si je dis non, je vais perdre la relation" ou "il faut toujours avoir raison pour être respecté". Ces croyances guident nos réactions automatiques, mais nous n'avons pas la preuve qu'elles sont vraies.
Face à un désaccord, la plupart des gens voient spontanément deux options seulement.
La première option : renoncer. "Ce n'est pas grave, on fait comme tu veux." On se tait, on ravale, par peur du conflit ou par peur de perdre la relation. Vous savez, ces gens qui disent "Oh non, moi je n'aime pas le conflit, je n'ai jamais de conflit." Et vous, ça vous arrive ?
Mais renoncer n'est pas une vraie solution. On déplace le conflit à l'intérieur de soi. Frustration, ressentiment, explosion plus tard, souvent sous une autre forme.
La deuxième option : le rapport de force. Imposer, gagner, avoir raison. Le rapport de force abîme la relation. Il prépare bien souvent des retours de bâton.
Ces deux voies (capituler ou passer en force) sont des réactions primaires, issues de mécanismes anciens. Fuite ou combat ? Efficace face à un danger physique, mais inefficace face à un autre être humain avec qui l'on doit continuer à travailler, à vivre, tout simplement avec lequel on est en relation.
Deux grilles pour comprendre le conflit
Je vais vous donner deux grilles de lecture qui vous aideront à comprendre ce qu'il se passe vraiment quand un désaccord devient un conflit. Deux grilles différentes, complémentaires mais distinctes.
La première, c'est l'escalier : vos comportements visibles, ce que les autres peuvent voir.
La deuxième image, c'est la spirale, un peu comme une tornade. C'est ce qui se passe à l'intérieur de vous, votre transformation psychologique invisible.
Ces deux grilles fonctionnent en parallèle, mais pas en parfaite synchronisation.
L'escalier : les quatre marches que vous montez
L'escalier, ce sont des comportements concrets, quatre marches que vous montez. Un chercheur autrichien, Friedrich Glasl, a formalisé neuf niveaux d'escalade du conflit, regroupés en trois grandes phases. Son constat : au début, les deux parties peuvent encore sortir gagnantes. Puis vient un moment où l'une doit perdre pour que l'autre gagne. Et à la fin, tout le monde perd.
Nos quatre marches condensent ces neuf niveaux en étapes immédiatement reconnaissables. L'idée clé : plus on monte les marches, plus c'est difficile de descendre seul. C'était l'idée de Glasl. Son échelle, ses neuf niveaux, servent à identifier les interactions et les solutions possibles, surtout quant à l'intervention d'un tiers extérieur.
Dans les représentations ici, le conflit est une escalade (d'où ma représentation en montée) parce que les comportements gagnent en intensité. À l'intérieur, notre état ressemble à une spirale ou une tornade qui s'amplifie, avec une rigidification progressive de nos capacités et une montée en tension. Thomas Glasl (une référence dans l'explication des conflits), lui, représentait l'escalade du conflit par une descente, car il mettait l'accent sur le fait que nous perdons nos ressources au fil du conflit : moins d'options, moins de capacités relationnelles, et une vraie impression de s'enfoncer.
Mais restons sur nos quatre marches.
Les quatre marches que vous montez :
La première : commencer à argumenter pour convaincre
La deuxième marche : attaquer la personne
La troisième marche : menacer
La quatrième marche : passer à l'acte
Voyons-les en détail.
Marche 1 : Argumenter
La première marche est argumenter. Ça correspond au niveau 1 et 2 de Glasl, le durcissement et le débat polémique. Votre premier réflexe : expliquer, convaincre, et vous rentrez dans le ping-pong de l'argumentation. Le problème : si l'autre a un intérêt différent, vos arguments vont juste susciter des contre-arguments. Ping-pong verbal. Argument. Contre-argument. Re-argumentation. Et ça dure. La frustration monte. "Il ne comprend pas. Il est de mauvaise foi." Vous montez la première marche.
Marche 2 : Attaquer la personne
Niveau 4 et 5 de Glasl : chercher des coalitions et perdre la face. Vous ne parlez plus de ce qu'elle fait, mais de ce qu'elle est. Vous dites de l'autre : "Tu es égoïste, tu fais exprès." Vous touchez à son identité. Il va vous renvoyer ses propres jugements. Bataille d'Ego. Vous êtes sur la deuxième marche.
Marche 3 : Menacer
C'est le niveau 6 de Glasl, les stratégies de menaces. "Si tu ne fais pas ça, alors..." Les menaces fonctionnent mal pour obtenir ce que vous voulez. Elles fonctionnent juste bien pour obtenir des contre-menaces. Surenchère, surenchère de la peur. C'est la troisième marche.
Marche 4 : Le passage à l'acte
Ce sont les niveaux 7, 8 et 9 de Glasl : la destruction limitée, la fragmentation et la destruction mutuelle. Procès, divorces, ruptures, violences. Vous êtes tout en haut. La relation est brisée. Personne ne sort vraiment gagnant.
Voici les quatre marches que vous avez escaladées, un peu comme une mayonnaise qu'on monte : argumenter, attaquer, menacer, agir.
Connaître l'escalier vous permet de reconnaître ce que vous faites en temps réel. Les comportements sont visibles. Vous pouvez vous arrêter avant de monter la marche suivante.
⚠️ Question clé dans le conflit ou dans une relation qui vous pose problème actuellement : à quelle marche êtes-vous ? Jusqu'où êtes-vous déjà monté ? Et généralement, jusqu'où montez-vous ?
La spirale : votre transformation intérieure
Maintenant, voyons la deuxième image : la spirale. La spirale, c'est votre transformation intérieure, un peu comme une tornade. Invisible, mais elle est cruciale.
Dans la spirale, il y a comme quatre glissements progressifs :
Le glissement 1 : Monter du rationnel à l'émotionnel
La colère, la peur prennent le dessus.
Le glissement 2 : Au lieu de comprendre, commencer à se défendre
Vous écoutez pour répliquer, non pour comprendre. L'autre est encore en train de parler et vous pensez déjà à ce que vous allez répondre.
Le glissement 3 : De l'ouverture à la fermeture
Position non négociable. C'est ici qu'interviennent les deux réactions primaires : retrait ou combat.
Le glissement 4 : D'une relation à un ennemi
L'autre devient un adversaire puis un ennemi.
Pourquoi la spirale est-elle cruciale ?
L'escalade, ce sont vos comportements, surtout vos paroles. La spirale, c'est votre état intérieur. Quand vous êtes à fond dans l'émotionnel, quand l'autre est devenu un ennemi dans votre tête, menacer ou attaquer vous semble légitime. Vous ne voyez même plus que vous montez.
Pourquoi la spirale est utile ?
Connaître la spirale vous permet de comprendre pourquoi vous avez envie de monter les marches. La spirale vous permet de travailler sur la régulation émotionnelle.
La question clé : dans quel état intérieur suis-je ?
Comment l'escalier et la spirale fonctionnent ensemble
Maintenant, partie cruciale : comment ces deux images fonctionnent ensemble ?
Elles fonctionnent en parallèle, mais pas en parfaite synchronisation. Vous pouvez être très avancé dans la spirale (très émotionnel, très en mode défense) tout en étant encore à la première marche, en train d'argumenter poliment. C'est ce décalage qui rend le conflit si difficile à gérer.
Je vais vous décrire avec un exemple comment ça se passe.
L'exemple : Sophie et Marc qui discutent des vacances.
Le désaccord émerge
Sophie dit : "Cette année, j'aimerais vraiment qu'on aille à la mer." Sophie peut déjà être un peu dans l'émotionnel. Elle anticipe le désaccord. Elle a peur de la réponse. Sophie, spirale : glissement 1. Elle est déjà dans l'émotionnel. Pour l'escalier, rien encore.
Marc entend ça et immédiatement entre dans l'émotionnel, mode défense. Il a peur de la réaction de Sophie s'il dit non. Au niveau de l'escalier, rien encore pour Marc. En revanche, au niveau de la spirale, il est déjà dans l'émotionnel.
Les deux sont dans l'émotionnel mais ils n'ont encore rien fait de visible.
Le ping-pong argumentatif commence
Marc : "La montagne c'est mieux pour se ressourcer." Sophie : "Moi j'ai besoin de nager." Marc : "Oui mais on va toujours à la mer." Sophie : "Oui mais on va souvent à la montagne."
Pour la spirale, Sophie et Marc passent au deuxième glissement : mode défense, prouver qu'ils ont raison. Au niveau de l'escalier, ils ont gravi la première marche : argumenter.
Vous voyez le décalage ? Ils sont déjà en mode défense (deuxième glissement de la spirale : plutôt que d'être dans la compréhension de l'autre, on est en mode défense). Mais ils sont encore à argumenter, donc sur la première marche de l'escalier. Et ça peut durer longtemps. C'est un réel ping-pong.
Le point de bascule : la fermeture
D'un coup, Sophie atteint le point de fermeture. Sophie, en fait, glisse dans la spirale au glissement 3 : "De toute façon, il ne m'écoute jamais."
Le carrefour : Sophie a deux chemins. Soit le retrait, soit le combat, suivant son tempérament, suivant ses habitudes, suivant ses peurs. Mais au niveau de la spirale, elle est fermée. Pour l'instant, Marc serait encore dans l'ouverture.
Chemin A : Le retrait (conflit larvé)
Sophie choisit le retrait. "Ok, on fait comme tu veux." Ou bien Sophie quitte la pièce. Sophie est en fermeture totale. Sophie ne monte aucune marche visible. C'est le conflit larvé, le conflit latent, invisible.
Que produit le conflit larvé ? Dans les semaines qui suivent, pour Sophie : ressentiment accumulé, elle rumine. Distance émotionnelle progressive, elle est fermée. Sabotage passif : "J'ai oublié de réserver l'hôtel." Communication minimale : "Oui, non." Et elle rumine.
Et puis un jour, sur autre chose ou un autre moment, il pourra y avoir l'explosion, et quelquefois sur un tout autre sujet. "Tu ne penses jamais à moi, comme pour les vacances." Le conflit larvé est sorti avec violence.
Chemin B : Le combat (escalade visible)
Sophie, avec la fermeture, aurait pu choisir le deuxième chemin : le combat. Cette fois, l'escalade visible. Elle va monter une marche. Elle passe dans le combat.
Sophie : "De toute façon, tu es toujours égoïste." Oui, Sophie est fermée, mais elle monte la deuxième marche : elle est dans l'attaque.
Marc entend cette attaque et lui bascule. Ça y est, il passe en mode fermeture et il va contre-attaquer. "Égoïste ! Mais c'est toi qui es égoïste !" Les deux sont en fermeture et en attaque.
Sophie passe alors au glissement 4 de la spirale. Marc est devenu un ennemi. Et elle monte sur la marche 3 de l'escalier : "Si tu continues, on n'est pas obligé de partir ensemble."
Marc bascule alors aussi : "Si c'est comme ça, on n'est pas obligé de rester ensemble du tout."
Pour les deux, au niveau de la spirale, ils en sont au quatrième glissement : le mode ennemi. Et sur l'escalier, ils sont sur la troisième marche : les menaces.
Et puis, il peut encore y avoir derrière le passage à l'acte. Sophie va monter la dernière marche. Marche 4 : "Puisque c'est comme ça, je pars seule." Elle claque la porte. Elle fait sa valise. Marc monte aussi sur la quatrième marche : "Moi aussi je pars et je demande le divorce." Les deux sont tout en haut. Conflit au maximum.
Ce qu'il faut retenir
L'escalier et la spirale avancent en parallèle, mais pas au même rythme. Le point de bascule, c'est souvent la fermeture. Vous choisissez soit retrait, soit combat. Reconnaître où vous en êtes dans la spirale et sur l'escalier, c'est crucial.
Pourquoi montons-nous sans le vouloir ?
Si cet escalier est si fréquent, si cette spirale ou cette tornade est si commune, c'est qu'ils s'appuient sur des mécanismes anciens de nos cerveaux. Vous vous souvenez des réactions primaires du début ? Renoncer ou rapport de force, fuite ou combat ?
Face à un désaccord perçu comme menaçant, notre système nerveux déclenche automatiquement ces réactions. Combat : la colère prend le volant et avec elle viennent les marches (argumenter, attaquer, menacer, agir). Fuite : on se replie mais la colère reste à l'intérieur. Le conflit devient larvé.
Et quelquefois, l'effet spirale peut continuer à l'intérieur même si à l'extérieur rien n'est visible. La personne voit l'autre comme un ennemi et cela peut vraiment jouer dans toutes leurs relations.
Ces réactions sont quasi automatiques. C'est pour ça qu'on monte sans le vouloir. La bonne nouvelle : on peut apprendre à faire autrement.
La troisième voie : apprendre à ne pas monter
Un désaccord peut devenir une opportunité de mieux comprendre l'autre, de trouver des solutions créatives. Il existe une troisième voie et elle s'apprend. Cette troisième voie peut intervenir sur les deux grilles, sur les deux niveaux. Apprendre à faire les deux est toujours bénéfique.
Pour l'escalier : plutôt que de monter les marches, on va apprendre à ne pas les monter. Il existe une méthode. Même si vous êtes déjà un peu monté, il est toujours possible de redescendre.
Si vous êtes à la marche 1 en train d'argumenter, vous pouvez descendre avant de monter sur la deuxième marche. Si vous êtes déjà à la deuxième marche en train d'attaquer, vous pouvez encore descendre avant de monter à la troisième marche. Et même à la marche 3 avec les menaces, il est possible de descendre. C'est beaucoup plus difficile, mais c'est possible.
Pour la spirale : c'est dès le premier glissement qu'on doit agir. Dès que vous sentez l'émotionnel monter, c'est le moment. C'est toute l'histoire de la régulation émotionnelle. Reconnaître : "Je suis en train de passer du rationnel à l'émotionnel." Voire même, dès que je commence la discussion, je suis déjà en mode émotionnel. Alors il est peut-être bon d'appliquer dès maintenant des techniques de régulation émotionnelle (nous les verrons).
Si vous êtes déjà dans la spirale au glissement 2 (mode défense), vous pouvez revenir en arrière. Comment ? En vous reconnectant à la curiosité : "Qu'est-ce que je ne comprends pas encore ?" Et vous verrez que vous pourrez vous appuyer sur la méthode qui est la méthode aussi de l'escalier, d'où l'intérêt d'apprendre les deux méthodes.
Même au glissement 3 dans la spirale (fermeture), on peut parfaitement se rouvrir avant de choisir retrait ou combat.
En tout cas, la troisième voie utilise des outils simples. C'est ce que nous verrons dans les épisodes suivants. On va explorer en détail ces solutions : comment utiliser ces outils, comment ne pas monter ces fameuses marches, comment réguler l'émotionnel pour pouvoir transformer ensuite un désaccord en espace de co-construction plutôt qu'un champ de bataille.
Reprenons l'essentiel
On ne sait pas gérer les désaccords. Les deux voies primaires (renoncer ou passer en force) sont inefficaces.
Il y a deux images possibles, deux grilles de lecture :
L'escalier : ce sont les quatre comportements visibles que vous montez. Argumenter (Glasl 1 et 2), attaquer (Glasl 4 et 5), menacer (Glasl 6), passer à l'acte (Glasl 7 à 9).
La spirale : c'est la transformation intérieure, la tornade intérieure. On passe du rationnel à l'émotionnel, de comprendre à se défendre, de l'ouverture à la fermeture, de la relation à l'ennemi.
Elles fonctionnent en parallèle, mais pas en synchronisation. Le point de bascule, c'est la spirale. Là, il y a souvent deux chemins : le retrait (conflit larvé, l'image de l'escalier n'est plus forcément utile) ou le combat (escalade visible, d'où l'image de l'escalier).
La bonne nouvelle : on n'est pas obligé de monter les marches. On peut réguler l'émotionnel. Et chez RESOV'CO, nous pensons que comprendre ces deux images, c'est le début de la solution parce que ça vous donne plusieurs pistes de solution.
Exercice pratique : observation double
Si vous voulez faire un petit exercice : observation double. Chaque fois que vous avez un désaccord, observez séparément les deux images ou les deux grilles.
Pour l'escalier : À quel moment avez-vous voulu argumenter, attaquer, menacer ? Avez-vous remarqué sur le moment ou après ?
Pour la spirale : Quand êtes-vous passé de rationnel à émotionnel ? Quand avez-vous basculé en mode défense ? Avez-vous ressenti la fermeture ? Avez-vous choisi retrait ou combat ?
La question clé : Avez-vous observé un décalage ? Étiez-vous déjà dans l'émotionnel et défensif alors que vous argumentiez encore poliment ?
Notez tout, parce que reconnaître ce décalage, c'est comprendre comment vous fonctionnez. Et c'est la première étape pour choisir un autre chemin, pour apprendre à faire différemment.
Si vous êtes dans une spirale de conflit et que vous n'arrivez pas à en sortir seul, contactez-nous chez RESOV'CO. Nous proposons des accompagnements personnalisés, en coaching et en médiation. Nous pouvons vous donner des tas d'astuces pour pouvoir vous entraîner. Bien sûr, quelquefois, les méthodes doivent être adaptées à votre cas particulier.
En tout cas, si vous voulez en savoir plus, vous pouvez consulter notre site www.resovco.fr. Si vous avez des questions, des situations dont vous aimeriez qu'on parle, écrivez-nous. Vos questions nourrissent nos prochains épisodes.
Comprendre l'escalier et la spirale, c'est une double carte. Une carte de vos comportements et une carte de vos états intérieurs. Quand vous connaissez les deux images, vous pouvez intervenir à deux niveaux : arrêter vos comportements, réguler votre état intérieur.
Et si la vraie intelligence n'était pas de gagner le combat, mais de ne pas monter cette escalade du conflit ?
C'était "Du désaccord au conflit : Comprendre l'escalade qui vous mène au conflit", un épisode d'Au cœur du conflit. Pour aller plus loin, retrouvez la transcription de cet épisode et d'autres ressources sur notre site resovco.fr. Merci de votre écoute, à très bientôt et prenez soin de vous.
Merci d'avoir écouté cet épisode d'Au cœur du conflit, le podcast qui révèle les angles morts de vos conflits. Pour aller plus loin et débloquer vos situations complexes, retrouvez tous nos accompagnements sur www.resovco.fr. RESOV'CO, votre cabinet spécialiste en gestion de conflits, conseils personnalisés, coaching stratégique et médiation pour vos situations professionnelles, familiales et personnelles.
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Karine BIAVA - RESOV'CO (2025)
Consultante, coach et médiatrice en résolution de conflits
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